Betta edithae

L’aventure du Betta edithae a commencé pour moi en septembre 2011, lors de mon passage au congrès de la CIL. Un éleveur avait préparé un groupe de 8 jeunes de 4 mois à mon attention, ainsi qu’une quinzaine pour notre club du Limousin. Ce que j’ai pu lire sur ces poissons s’est avéré exact et j’ai un grand plaisir à découvrir leurs caractères et leurs comportements. Je les maintiens dans mon bac communautaire de 450 litres en présence de plusieurs autres espèces et ils se reproduisent très régulièrement pour le plaisir de toute la famille. Je le trouve idéal pour un amateur souhaitant débuter avec un incubateur ni trop grand, ni trop petit, ni trop timide, ni trop agressif.


Dimorphisme et colorations

N’ayant aucune expérience dans ces bettas incubateurs, j’ai longuement observé leur évolution jusqu’à l’âge adulte pour essayer d’identifier mâles et femelles. Lorsqu’ils ont eu 7 mois, un peu avant les premières reproductions, j’ai enfin pu clairement remarquer que les mâles portaient une nageoire dorsale en pointe et quasiment toujours bordée d’un liseret fin bleu clair et doré brillant quelque soit leur humeur, tandis que la même nageoire sur les femelles est arrondie et sans coloration. Le liseret se retrouve sur les mâles, de manière plus ou moins prononcée, sur le pourtour de toutes les nageoires à l’exception des pectorales. La nageoire anale, quant à elle, présente une bordure très foncée lorsque les mâles s’agressent entre eux. Cette bordure est présente sur les alevins dès le plus jeune âge, ce qui me permet de les différencier lorsque je les regroupe avec des alevins d’autres espèces.


Description physique

Les mâles et les femelles font respectivement 7 et 6 cm environ. Leur corps est massif et d’une couleur assez claire, qui leur vaut le surnom de “mes gros blancs” à la maison. Les mâles portent généralement les rayures horizontales caractéristiques des bettas sauf en période de reproduction où les rayures s’estompent, le poisson ayant alors une teinte globalement plus foncée mais avec une légère irisation des écailles.

 

A l’inverse, une femelle au calme est très claire et sans rayure. En reproduction ou en colère, elle se pare des rayures horizontales brunes sur le corps, accompagnées de gros points foncés sur tout le dessus de la tête et du dos.


Conditions de maintenance

Le bac fait un volume utile de 450 litres, l’espace habitable mesure 135*60*60. Je le maintiens à une température variant entre 25°C et 28°C suivant les températures de la pièce. L’eau de ma région donne une conductivité de 200 micro siemens environ. Le pH, avec ajout de CO², doit être autour de 6. La population est d’une cinquantaine de poissons, du plus gros Trichogaster leeri (3) aux plus petits Borara brigittae (10). L’autre sorte de betta présente dans le bac est le nidificateur Betta smaragdina.

Comportement et reproduction

Les edithae se sont apparemment répartis le territoire. Bien que je ne les reconnaisse pas individuellement, je crois voir toujours les mêmes dans leurs zones respectives. Les femelles ont chacune leur site de ponte. Elles alternent, a priori, avec 2 prétendants au minimum mais semblent se reproduire toujours avec les mêmes. Les joutes entre les mâles sont assez impressionnantes, les intimidations sont longues et se font à distance, toutes couleurs apparentes et nageoires écartées. Puis l’un ou l’autre des adversaires attaque et ils se piquent l’un l’autre jusqu’à se séparer. Mais le reste du temps, ils stagnent en observation ou chassent à droite à gauche. Ce sont des poissons qui nagent assez peu. 

 

Je décrirai assez brièvement la méthode de ponte car elle ressemble à tout ce que j’ai pu lire précédemment dans notre revue concernant les formes naturelles de bettas incubateurs. Le couple se rapproche bien à l’avance et reste non loin du site de ponte. Certains vont choisir un coin reculé au ras du sol, d’autres à l’opposé, proche de la surface au-dessus de la fougère de java ou encore à mi-hauteur, en pleine eau. La période de l’accouplement en lui-même peut durer plus de 24h, le couple passant un temps important à sécuriser la zone, chasser les intrus, échanger les œufs et recommencer à s’enlacer. J’ai remarqué que les petits Botia sidthimunki ont bien compris leur manège. Elles repèrent les couples en reproduction et leur mènent la vie dure (elles virevoltent autour d’eux, donnent des coups de bouche sur les joues des bettas en espérant récupérer leur part d'œufs !)

 

La femelle “surveille” le mâle ensuite pendant quelques jours puis il se retire pour incuber au calme. Lorsque j’en vois un réapparaître avec le ventre un peu plat, la gorge bien ronde et commencer ses aller-retours le long des vitres, je sais qu’il s'apprête à cracher sa progéniture.  ’incubation dure a priori autour d’une douzaine de jours. Le mâle a une gorge beaucoup plus volumineuse avec les œufs fraîchement pondus qu’avec les alevins. C’est finalement assez logique mais j’imaginais plutôt l’inverse.

 

Je n’ai jamais réussi à pêcher de mâle en fin d’incubation. Je n’ai pas non plus réussi à observer l’instant où le mâle crache ses petits. Mais depuis décembre où ils ont commencé à s’accoupler, j’ai déjà diffusé une cinquantaine de petits.


Ci-dessous on voit clairement l’œuf dans la bouche de la femelle prête à le cracher pour que le mâle le récupère.

Enlacement

 

Expulsion et fécondation des œufs 

 

Récupération des œufs par la femelle

 

La femelle re-crachera les œufs 1 à 1

 

Le mâle les récupère dans sa bouche



Ci-dessous, au premier plan un mâle en incubation, on voit clairement la gorge gonflée d’œufs.

En arrière plan, une femelle dans une coloration hors période de ponte.


Alevins et grossissement

Je récupère les alevins dans la zone de filtration à décantation du bac. Une petite partie (une dizaine) de chaque frai y est aspirée pendant la semaine qui suit un “cracher”. Les alevins sont en surface et ne sont pas aspirés dans les masses filtrantes, ce qui me laisse le temps de les récupérer et de les installer dans un petit bac filtré et chauffé à 25/26°C. Je fonctionne avec deux bacs pour mes alevins edithae. Le premier fait 17L pour ceux fraîchement pêchés, que je nourris pendant environ 2 à 3 semaines aux nauplies d’artémias (donc de 5mm à 1cm environ). L’autre fait 54L et je déplace les alevins dans ce bac là dès qu’ils commencent à manger des micro granulés. Dans les deux bacs, je dois être vigilantes aux écarts de taille entre les plus gros et les plus petits. Dans le petit, je sais qu’à partir de 1cm les plus gros pourraient manger les plus petits si j’en ajoute. Dans le plus grand, c’est lorsque les plus gros font autour de 2 ou 2,5cm qu’il devient risqué d’y ajouter ceux d’1cm. 

 

Je leur donne des nauplies d’artémias pendant 2 ou 3 semaines. Ils sont très voraces et mieux vaut donner de petites quantités pour ne pas risquer d’endommager leur flottaison de manière irréversible. Ils mangent ensuite des micro granulés et j’alterne avec des fragments d’artémias adultes décongelés ou des fragments de vers de vase.

 

Je change, comme pour mes autres espèces de bettas, environ 50% de l’eau de chaque bac de grossissement 2 fois par semaine.


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